Quelques années après l'ouverture de la ligne Bordeaux Montauban, les Moissagais voudront relier leur ville directement à Paris via Cahors : une occasion manquée que je vais vous conter.
La région de Moissac était une région viticole depuis les Romains mais la transformation en raisin de table eut lieu au XIX ème siécle. Il faut rappeler, pour la petite histoire, que le chasselas de Moissac est en réalité le chasselas de Fontainebleau.
A la fin du XIX ème donc, le producteurs de chasselas utilisaient largement le chemin de fer pour les expéditions de leur récolte, en témoigne cette carte postale :
Implantation des voies type Midi, avec une voie centrale : on voit bien la montagne de cageots de raisin attendant le train. Mais avant 1891, pas de ligne directe pour Paris via Cahors, il fallait passer par Lexos ou Bordeaux. Après cette date, même si le trajet par Montauban et Cahors est plus rapide, des voies s'élevèrent pour réclamer une ligne directe vers Cahors afin de rejoindre plus communément Paris. Déclaré d'intérêt général en 1879, sa construction sera interrompue en 1934, tous les détails ici : http://tramwaytetg.free.fr/moissac_cahors/page1.htm
De ce « désastre » il reste dans la région des ouvrages d'art et quelques centaines de mètres de plate forme .
En 1930, une crue brutale du Tarn fut aggravée par le pont ferroviaire sur ce fleuve qui fit office de barrage avant de céder.
Une promenade dans les rues de Moissac situées près du Tarn nous fait découvrir des maisons à l'architecture datée des années 1930 avec l'emploi du béton et les linteaux des ouvertures arrondis. Deux exemples :
Ou encore...
Alors que dans la partie plus proche de l'abbatiale, nous avons des rues étroites et des maisons très anciennes :
Vous remarquerez que les murs sont en
brique cuites et certains en brique crue. Ce contraste entre les quartiers de Moissac est assez spectaculaire.
La ville de Moissac a subi en mars 1930 une crue meurtrière (comme toute la vallée du Tarn) mais plus encore que d'autres villes. Voilà pourquoi...
http://www.ladepeche.fr/article/2003/03/05/195791-1930-l-inondation-du-siecle.html
http://tramwaytetg.free.fr/inondation/index.htm
En février 1930, la pluviométrie avait été très importante sur le sud du Massif Central, les sols saturés d'eau et de plus une grosse quantité de neige était tombée. Fin février, un épisode cévenol , tout à fait inhabituel à cette période, a fait grossir le Tarn et ses affluents du sud du Massif Central. L'eau est arrivée très vite dans la vallée en Tarn et Garonne, créant de très gros dégâts et pertes humaines à Montauban et dans les villages riverains du Tarn. L'eau envahit les quartiers les plus bas de Moissac mais elle était contenue par les digues. Malheureusement, les embâcles très importants se sont accumulés sur les poutres du pont Cacor du chemin de fer constituant au fil des heures une retenue d'eau. Le soir du 3 mars, le pont cède, les digues aussi sous la puissance de la vague ainsi créée, l'eau envahit brusquement les rues de Moissac en passant par le pont routier sous la voie de chemin de fer faubourg Ste Blanche. Toutes les maisons ayant un ou plusieurs murs construits en brique crue se dissolvent comme du sucre dans une tasse de café. 1400 maisons sont détruites, on dénombre 120 morts. La reconstruction se fera grâce aux dons de l'Europe entière, émue par cette tragédie : on aura à Montauban une école yougoslave, un quartier hollandais à Albefeuille- Lagarde, un quartier du Maroc à Moissac, un hall de Paris dans cette même ville...
Originalité de la reconstruction : le pont Cacor de chemin de fer fut reconstruit en treillis, la leçon avait été entendue. Pendant la reconstruction, une voie provisoire passa sur la berge du Pont Canal voisin.
Dès le mois d'avril on commence les travaux pour installer une voie provisoire sur le pont canal :
Passage du premier train , une locomtive Pacific.
Puis d'un train d'essai puis un train régulier :
Une vue du pont canal actuel :
Le "nouveau pont de chemin de fer.
