Voici sur cette page de larges extraits du chapitre consacré aux TTG tirés du livre "Les petits trains de jadis. Sud Ouest " de Henri Domengie aux éditions du Cabri. Le texte original est en italique bleu, j'ajouterai des compléments ou ferai des observations en noir. (les liens vers de nouvelles pages sont en mauve, le retour sur cette page se fait en cliquant sur une image)

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            Dès 1881, le département du Tarn et Garonne se préoccupe de la construction d'un réseau de chemin de fer départemental, en application de la récente loi concernant les voies ferrées d'intérêt local et les tramways. De multiples tergiversations se rapportant aux tracés et à l'écartement de la voie découragent les demandeurs de concessions qui retirent leur candidature.../...
Il faut aussi reconnaître que certains candidats présentaient des projets quelquefois irréalistes, ce que ne manquait pas de faire remarquer l'ingénieur de Ponts et Chaussées, en marge. Un exemple :un candidat à la concession de la ligne Caussade-Caylus se faisait fort d'installer le terminus dans le village de Caylus, sachant qu'il y a environ 120 mètres de dénivelé entre le plateau et la vallée de la Bonnette ! .../... On envisage même, vers 1903, d'équiper le réseau départemental de trolleys automoteurs analogues à ceux qui assurent, à la même époque, un très éphémère service urbain à Montauban.

            Ce n'est qu'en 1909, qu'un réseau de 180 km, en six lignes, est déclaré d'utilité publique .../... Le mois de juillet 1913 voit la mise en service des deux premières lignes du réseau, celles de Montauban à Molières et de Caussade à Caylus, de longueurs respectives de 35 et 22 km. La déclaration de guerre de 1914 interrompt non seulement les travaux en cours sur les autres lignes , elle provoque aussi la réquisition de tout le matériel prévu pour leur équipement. En outre, l'exploitation des lignes précitées est suspendue en raison de la mobilisation du personnel. L'armée remet en service, pour ses propres besoins la ligne de Caussade à Caylus pour la desserte d'un champ de tir proche de cette localité. Les travaux reprennent en pleine guerre, en 1917, un tronçon de 18 km est ouvert au trafic entre Montauban et la rive droite de la Garonne près de Montech. L'année 1919 voit la mise en service de la ligne Valence d'Agen à Montaigu de Quercy, soit 42 km, tandis qu'un court embranchement de 2km est établi en direction du département de Lot et Garonne, en vue d'une ligne vers Beauville et Agen qui ne sera jamais achevée.
Malheureusement du matériel réquisitionné ne reviendra pas .

            La ligne de Montauban à Monclar de Quercy est mise en exploitation en 1926 (25km) ; la même année, les trains vont franchir la Garonne à Bourret grâce au prolongement de la ligne de Montech vers Verdun sur Garonne, soit 11 km. La dernière ligne du réseau n'est ouverte qu'au milieu de l'année 1927, il s'agit de la liaison Castelsarrasin à Lavit de Lomagne ; le tracé a été malencontreusement modifié pour desservir la localité de Saint Nicolas de la Grave. C'est donc bien tardivement que le réseau départemental du Tarn et Garonne a atteint sa contexture définitive. Quant à la construction de lignes d'un deuxième réseau, elle est ajournée.
On avait envisagé les lignes suivantes : outre Beauville-Montaigu déjà citée, Caussade-Lafrançaise, Castelsarrasin-Montach, Valence-Saint Nicolas, Lafrançaise-Lauzerte et Montech-Beaumont.  Elle aurait permis de relier  Montauban aux lignes isolées et de faciliter l'exploitation et les échanges de matériel roulant ; il était également prévu de prolonger la ligne de Molières jusqu'à Cahors en créant une jonction interdépartementale. Il y a lieu de noter qu'une voie ferrée d'intérêt général , reliant Cahors à Moissac, fut concédée à la Compagnie du PO. En 1892, il fut décidé que par mesure d'économie, elle serait établie à voie métrique comme le réseau PO-Corrèze. En fait, l’infrastructure fut réalisée pour la voie normale, mais elle fut abandonnée et déclassée en 1941... Terminé trop tardivement, le réseau des TTG se trouva face à une concurrence routière très vive dans une région relativement rurale et déjà bien dotée en véhicules routiers collectifs et individuels. Le chemin de fer ne réagit que trop timidement en mettant en service en 1924/1925 trois automotrices de puissance insuffisante.

            Les terribles inondations de Mars 1930 qui ravagèrent le Sud-Ouest n'épargnèrent pas le réseau départemental .../... le Conseil Général envisage de se débarrasser des lignes de tramway dont le coefficient d'exploitation ne cesse d'augmenter pour atteindre en 1932 le chiffre record de 3,82, c'est à dire que les dépenses sont presque égales à quatre fois les recettes ! Le réseau est finalement racheté par le département qui en confie l'exploitation , le 1er février 1932 à la Société Auxiliaire des Chemins de fer du Midi (STAM), spécialisée dans les transports routiers complémentaires au chemin de fer - et plus tard dans les services de substitution aux trains de voyageurs sur les lignes du Midi à faible trafic. Cette entreprise institue immédiatement un service de desserte rail-route pour les voyageurs : ceux-ci seront transportés par autobus, les trains n'assurant plus que les services chargés des jours de foires et marchés. Ce mode d'exploitation cesse à son tour fin 1933 et tout trafic ferroviaire disparaît à cette date. le réseau des Tramways de Tarn et Garonne est finalement déclassé le 10 juillet 1936.

            La voie métrique , établie en grande partie en accotement des routes sur une plateforme séparée de celle-ci par une bordure, est armée en rail Vignole de 20 kg par m.
Mais dans les traversées des localités, la voie est noyée dans la chaussée comme le montre de nombreuses cartes postales anciennes.  Dans les zones inondables, l'entrevoie était pavée. les courbes avaient un rayon minimal de 75 m en pleine voie, qui pouvait s'abaisser jusqu'à  35m dans certaines gares. les rampes ne dépassaient pas en principe 30 mm/m sauf sur la ligne Montauban Molières .../... Je pense que c'est Valence Montaigu où les rampes sont les plus fortes. .../... où l'on rencontrait, sur de courtes distances, des déclivités de l'ordre de 40 à 48 mm/m. C'est à Montauban qu'avait été implanté le centre du réseau; à la gare locale avait été ajoutés le dépôt principal, les ateliers, les installations de transit avec la Compagnie du Midi et la direction. Des dépôts annexes et des chantiers de transbordement équipaient les gares de Castelsarrasin, Valence d'Agen et Caussade.

            L'étoile de Montauban se composait de trois lignes. Celle de Monclar de Quercy quittait la gare des tramways pour franchir le pont de Sapiac, construit spécialement pour livrer passage au tramway dont la voie était noyée dans la chaussée routière. Il fut mis en service en 1915 . Après un parcours en site propre et le franchissement du Tescou, la voie rejoignait , à la sortie de la ville, la route nationale de Gaillac qu'elle suivait en accotement  en adoptant un profil très doux . Elle franchissait à nouveau le ruisseau à Bonrepos pour se diriger, toujours en accotement d'un chemin départemental, vers le terminus de Monclar.

            Les deux autres lignes quittaient en tronc commun Montauban pour passer sous les voies PO d'abord de Paris puis de Lexos..../...
La voie traverse la place de la gare Villebourbon puis par une courbe à 90° suit la route de Castelsarrasin en passant sous les voies PO de Paris et en longeant les voies Midi de Bordeaux et la voie PO de Lexos. JCin cent mètres plus loin, juste avant la gare de Gasseras, elle passe sous la voie de Lexos..../...Elles se séparaient à la bifurcation de Gasseras où avait été installé un dépôt de matériel ainsi qu'un triangle pour permettre les évolutions des trains de travaux. Au delà la voie de Molières s'élevait pour rejoindre la voie normale  PO de Montauban à Lexos et franchir avec elle le Tarn. La voie métrique était implantée sur la plateforme de la deuxième voie PO qui ne fut jamais posée. Après cet ouvrage d'art la voie étroite retrouvait très vite l'accotement le long de la route nationale se dirigeant vers Moissac, enjambait avec elle l'Aveyron et descendait la vallée du Tarn jusqu'à Lafrançaise. Elle prenait ensuite la direction du Nord par une large boucle construite partiellement en site propre, puis retrouvait une route départementale pour se diriger vers la gare terminus de Molières, assez éloignée de la localité perchée sur un piton. L'autre ligne, celle conduisant à Verdun sur Garonne, desservait Lacour .../... Orthographe erronée : il faut écrire Lacourt , Lacourt-Saint Pierre acuellement , Lacour est entre Bourg de Visa et Montaigu sur la ligne 6..../... , Montech et sa gare d'eau sur le canal latéral à la Garonne. Après avoir traversé  la Garonne sur un pont métallique, elle s'établissait en accotement de la route départementale pour desservir Mas Grenier puis le terminus de Verdun proche de la limite départementale de la Haute Garonne.

            La ligne de Caussade à Caylus suivait fidèlement la route nationale 126 et ne desservait , en dehors des terminus, qu'une localité notable, celle de Septfonds.../... 
La route ex N126 est l'ancienne route royale N°3 construite par l'Intendant Lescalopier; elle file quasiment en ligne droite de Caussade à Caylus. Mais à la hauteur de Lavaurette, l'altitude passe de 203m à la halte de Bourrel et la gare de lavaurette est à 303m. La plateforme va donc quitter la route par la gauche et grimper sur le plateau en passant par une combe. .../... Le camp militaire de Caylus lui apportait un trafic non négligeable. A Caussade, un embranchement reliait pour les échanges, la gare du tramway à celle de la compagnie du PO.

            L'artère de Castelsarrasin à Lavit de Lomagne au tracé fort défectueux, avait son origine à proximité de la gare de Castelsarrasin. Contournant l'agglomération par l'ouest, elle franchissait le canal latéral à la Garonne par un pont métallique et, après avoir enjambé un ruisseau par un pont elle retrouvait en accotement la route d'Agen. Un peu plus loin, elle traversait la Garonne sur un pont de type Gisclard, et après avoir desservi Castelmayran, elle obliquait vers le Nord pour effectuer un crochet vers Saint Nicolas de la Grave, desservi par une gare en cul de sac. Au delà, les trains devaient rebrousser en reprenant leur itinéraire initial jusqu'à la halte de Montet sur un parcours de 1 km. La ligne poursuivait alors sa route vers le sud et, toujours en accotement routier, desservait quelques bourgades avant de s'arrêter à Lavit, au pied de la localité.

            La ligne se dirigeant vers Montaigu de Quercy quittait Valence d'Agen par une large courbe lui permettant de passer au dessus des voies Midi de la ligne de Bordeaux à Sète . Elle suivait en accotement la route de Cahors jusqu'à la halte de La Mothe, proche du tracé de la ligne PO en construction de Moissac à Cahors. Après un virage à 90 degrés, elle se dirigeait, par un parcours en site propre, vers Castalsagrat, passait sous un tunnel de 300 m puis, ayant retrouvé la route, escaladait les plus fortes rampes du réseau pour atteindre Bourg de Visa. A nouveau indépendante, elle desservait alors Lacour, .../...
Afin de pouvoir escalader la côte entre Lacour et Roquecor, la plateforme s'écarte de la route et passe le faite par un court tunnel, tunnel qui a je pense disparu sous les bulldozers . .../... puis recevait le court embranchement destiné à la relier au réseau inachevé du Lot et Garonne. De nouveau en accotement, elle passait alors sous Roquecor avant de terminer sa course à Montaigu de Quercy.

            Lors de leur mise en service, les lignes de Caussade à Caylus et de Montauban à Molières furent desservies par trois navettes quotidiennes. L'exploitation fut stoppée au moment de la déclaration de la guerre tandis que l'armée assurait pour son propre compte , le service entre Caussade et Caylus. En 1915, un AR des trains militaires pouvait être utilisé par les civils. La ligne fut rendue à l'exploitant en 1916; il mit alors en circulation une navette quotidienne ainsi qu'une circulation périodique. Sur la ligne de Molières, le service fut rétabli en 1916 avec un AR régulier, étoffé en 1919 d'un AR périodique. En 1921, on dénombrait un AR quotidien sur les lignes de Montauban à Molières et de Caussade à Caylus, auquel s'ajoutaient de rares trains périodiques. Par contre, les nouvelles lignes mises en service depuis 1914 n'étaient pas desservies tous les jours : on ne comptait que six AR hebdomadaires entre Valence d'Agen et Montaigu et seulement trois entre Montauban et la Garonne. Progressivement , la desserte atteignit six AR hebdomadaires sur l'ensemble des lignes du réseau, les horaires variant suivant les jours de la semaine. A partir de 1924 , les services les moins chargés furent assurés par automotrices.

            En 1932, la STAM assura tous les services courants des voyageurs avec des autobus et on ne vit plus qu'un ou deux trains de voyageurs chaque semaine, les jours de foire et de marché, sur chacune des lignes. Quelques circulations épisodiques assurèrent des transports spéciaux entre Montaigu et la limite du Lot et Garonne. Signalons que la majorité des trains étaient mixtes : voyageurs et marchandises. Des convois de marchandises seuls circulèrent parfois , surtout pour la desserte de la dizaine d'embranchements particuliers que comportait le réseau (dont celui de la gare d'eau de Montech et quelques uns appartenant à des expéditeurs de fruits.)

            Le réseau des Tramways de Tarn et Garonne s'équipa assez rapidement en locomotives, les dernières étant livrées en plein conflit en 1915, alors que le réseau était loin d'être achevé. Toutes appartenaient au type 030T, d'un poids à vide de 17t, possèdaient les mêmes caractéristiques dimensionelles et mécaniques.
Les 7 premières (Nos 1 à 7) furent construites par les Etablissements Buffaud et Robatel à Lyon en 1911.
Les 14 suivantes (Nos 8 à 21) furent livrées par les Etablissements Corpet-Louvet entre 1911 et 1915 ; les machines de chaque constructeur présentaient quelques différences d'aspect, surtout au niveau de l'abri pour le personnel de conduite.
Les caisses à eau avançaient jusqu'à la porte de la boîte à fumée sur les Buffaud Robatel au contraire des Corpet Louvet.

            En 1928, les TTG achetèrent d'occasion une locomotive 030T type Tramway , construite en 1889 par les Etablissements Weidknecht pour une entreprise de travaux publics. elle fut utilisée pour la construction des lignes d'intérêt local dans la Nièvre et dans le Loiret (dont M. Fougerolle avait reçu la concession pour l'établissement du réseau départemental...) et pour celle de Castelsarrasin à Lavit. Cette machine , de 13t à vide et baptisée "Marie-Louise", assura ensuite les manoeuvres en gare de Montauban.

            A partir de 1924, on procèda à une modernisation , fort limitée d'ailleurs, des moyens de traction par l'acquisition de trois automotrices aux Etablissements Horme et Buire à Lyon. Ces voitures à deux essieux possèdaient un moteur Ballot à essence de 42 cv. La caisse comportait un compartiment pour les voyageurs de 14 places assises, un compartiment fourgon, et un autre pour la poste. Il n'existait qu'un seul poste de conduite : les automotrices devaient être retournées sur les plaques tournantes du réseau modifiées à cet effet. Numérotées AUT 1 à 3 , elles furent réparties entre les dépôts de Montauban, Caussade et Valence d'Agen. Vers 1927, celle affectée à ce dernier dépôt émigra vers Castelsarrasin.

            Le matériel remorqué, à deux essieux et de type absolument classique, avait été entièrement construit par la société Decauville. Il comprenait :
- 51 voitures à voyageurs avec accès par plateformes d'extrémité, parmi lesquelles on distinguait 21 voitures mixtes 1ère/2ème classes de 6 plus 14, soient 20 places (série AB1à 21), et 30 voitures de 2ème classe d'une capacité de 24 places (série B1 à 30) ;
- 11 fourgons à bagages avec compartiment postal admettant une charge de 5t (série D1 à 11) ;
- 40 couverts, série K ;
- 50 tombereaux série U ;
- 50 plats, dont 16 équipés de traverse pivotante, série H .
Tous les wagons à marchandises acceptaient une charge de 10 t. Il existait également un curieux wagon réservoir avec pompe à main affecté à l'origine à la ligne de Caussade à Caylus, ainsi que 4 grues roulantes. Les 3 premières, d'une force de 5t furent affectées  aux dépôts annexes ; la quatrième , plus puissante, fut basée à Montauban.

            Pendant la Première Guerre Mondiale, 30 tombereaux, le wagon réservoir ainsi qu'un wagon grue furent réquisitionnés par la 10ème Section des Chemins de fer de Campagne, tandis que 4 wagons couverts et 2 plats allèrent renforcer le parc des voies ferrées du Dauphiné qui acheminaient des marchandises nécessaires à la Défense Nationale. En 1918, 18 wagons de marchandises furent loués à la compagnie des Tramways du Loiret, apparentée à celle des Tramways de Tarn et Garonne. Enfin, vers 1926, 10 tombereaux furent transformés en wagons couverts, les véhicules de ce type étant très utilisés pour les transports de fruits.

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