1961 : je suis en première année d'Ecole Normale à Montauban. Un dimanche, je dois me rendre chez des amis à Gasques près de Valence d'Agen;  je prends donc l'autorail omnibus pour Bordeaux qui part de Montauban à 9h35. On m'a dit de descendre à "Valence", qu'on m'y attendrait ; je ne connais pas du tout, à cette époque, l'ouest du Tarn et Garonne. L'autorail est composé d'un ABJ4 tractant une remorque unifiée placée dans le bon sens : c'est-à-dire le fourgon côté autorail et le compartiment "panoramique" en queue ; naturellement je choisis la remorque pour découvrir cette ligne, par l'arrière. Le voyage est agréable : les arrêts ne sont pas trop nombreux et l'ABJ est relativement véloce, mis à part les changements de vitesse quelquefois laborieux, qui se font sentir même dans la remorque. Lavilledieu, Castelsarrasin, Moissac : quelques voyageurs descendent, certains, rares,  montent. Après de nombreuses courbes qui serrent de près le canal latéral à la Garonne, puis le passage sous un pont qui n'enjambe que la voie ferrée et attend de s'élancer au dessus de la Garonne, le contrôleur, qui est venu dans la remorque, ouvre la porte intérieure et annonce l'arrêt suivant : " ...alauence... !!!" Je traduis "Valence" et je descends tranquillement sur le quai, avance devant le passage, attendant que l'autorail redémarre pour traverser. Ce qui ne va pas tarder car le contrôleur a rejoint le fourgon de l'ABJ et va donner le signal de départ. Au même moment, je lève la tête vers la gare et je lis : "Malause" !!!! Je lève le bras vers le contrôleur médusé et saute dans l'autorail qui redémarre vers Pommevic puis Valence !!!! 

J'ai failli me retrouver "en rade "à Malause, sans savoir que plus de vingt ans plus tard, je deviendrai le directeur de l'école de ce village et que je vivrai à proximité depuis plus de 40 ans ...